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Toile en exposition permanente

dans la salle de conférence de l'Union des Femmes Djiboutiennes à Djibouti ville / République de Djibouti

"EXCISION"

La photo représente la toile non-achevée. 

« EXCISION »

Au creux du ventre craquelé rouge sang de la terre

Au cœur du berceau meurtri de la féminité frère

Un soir où la lune a fuit la colère du ciel et de la mer

Où les racines déchirées en lambeaux étouffent l’air

Dans le secret de la nuit le rituel se trame en drame arbitraire

Sous l’œil médusé du foyer seul témoin de l’abominable

Dans la complicité du bâton de l’autorité paternel en berne

Le doyen de famille verrouille la seule issue du sombre tunnel

Aucune échappée à la saignée du jour fatidique n’est accidentelle

Et sa chefferie orchestre comme il faut la part belle du cérémonial

Autour du feu les aïeux fêtent avec grands renforts et victuailles

S’en donnent à cœur joie messes basses, rires et ripailles

Les hommes travestissent la vérité et chantent le MAL du traditionnel

Que les femmes porteront dans l’intimité de leurs corps et âmes

C’est ainsi que la mascarade se transmet depuis la nuit des temps

A l’ombre les mères garde des sceaux assistent l’invisible

L’horrible monstre au seul poignet bracelets et main rugueuse

Qui tient du bout des doigts le métal tranchant la vie chair 

La lame arme du crime faucheuse de la rose rouge vif

Du clitoris des filles qu’elle arrache dans la fleur de l’âge

Pour faire honneur au sacrifice de la mutilation génitale

Alors que la première victime de l’acte ignoble et barbare

Pleure en silence toutes les larmes de son intimité bafouée

Déchirée dans ses entrailles et violentée au plus bas

Abattue et recroquevillée sur elle même comme seul recours

Autour de son corps devenu une plaie béante aux affres douleurs

La cicatrice cachée sous sa carapace de cendre et d’ombre

La prochaine proie de la chasse aux sexes à mutiler dans le noir

Tapie juste derrière et morte de trouille suit du regard

La lame rouge du sang de sa sœur de lait au cœur brisé

Livrée corps et âme elle n’à point le choix et attend l’assaut

Qui mettra trois pieds sous terre sa paix physique et psychique

Sur son visage d’opprimée se lit déjà le deuil de sa dignité

Avec pour seul espoir que son cri du ventre s’entende au delà

Porté par le bras de l’art qui pointe du doigt et accuse

L’infâme tuerie perpétrée en toute impunité

Poème inspiré de la toile et écrit par Madame HIBO MOUMIN Assoweh

Docteure en Sciences littéraires générales et comparées

Etudes de littératures françaises et comparées au CIEF de Paris Sorbonne 

Maître de conférences en littérature française et littératures francophones à la FLLSH
Directrice du Centre de Recherche Universitaire de Djibouti (CRUD)

Couverture du roman"Ayaan Daran" du psychologue et romancier Rachid HACHI

publié au Editions du Net

France

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